Aujourd’hui, le Gouvernement du Québec annonçait son budget pour l’année 2024-2025. Je ne sais quel mot utilisé.
Déception.
Indignation.
Colère.
Incompréhension.
Alors que les organismes d’action communautaire autonome vivent des défis d’une ampleur inégalée, le gouvernement québécois investi des sommes qui sont très loin de répondre à la réalité. Par exemple, 10 millions de dollars pour le financement à la mission des organismes en santé et services sociaux, cela signifie en moyenne 3000$ par organisme. Et dans la plupart des secteurs de l’action communautaire autonome, les montants sont astronomiquement bas ou absent.
Comment les personnes engagées dans les organismes pourront répondre aux enjeux liés à la main d’œuvre ? Comment offrir des conditions d’emploi décentes aux personnes qui œuvrent directement auprès de leurs membres dans les communautés lanaudoises et québécoises ?
Comment faire face à une inflation qui met une pression considérable sur les organismes afin de prendre soin de celles et ceux qui en ont besoin ?
Comment recruter des personnes qui vont avoir envie de s’engager dans les processus collectifs qui visent à permettre la reprise de pouvoir sur la vie des personnes, à intervenir, à informer, à vulgarisés, à soutenir, à accompagner, à faire la différence ?
Les organismes d’action communautaire autonome font une réelle différence, partout au Québec. Ils sont créatifs, innovants, présents, disponibles, adaptables, accueillants. Ils transforment la société, une personne à la fois, une action à la fois. Ils font de la prévention, de l’éducation populaire, de la défense collective des droits, de la sensibilisation, de l’intervention, de l’accès à l’information. Ils sont un rempart important pour la démocratie. Ils interviennent sur les déterminants de la santé. Ils sont des acteurs engagés dans les communautés auprès de nombreux partenaires.
Leurs actions sont reconnues par une majorité de québécoises et de québécois. Ils ont un impact social et économique significatif, partout dans les régions. Pourtant, malgré tout cela, le gouvernement tente de présenter les rehaussements de financement des 10 dernières années comme la réponse à ce que les organismes expriment comme besoin lié à la réalisation de leur mission. Bien qu’un chemin important ait été parcouru dans le financement dans les dernières années, et je le reconnais, nous sommes encore loin d’avoir extirpé les organismes communautaires autonomes de ce sous-financement chronique.
Les organismes d’action communautaire autonome dans Lanaudière, ce sont 1200 employé.es, un peu plus de 1200 administratrices et administrateurs qui sont engagés dans les conseils d’administration des 200 organismes lanaudois. Ce sont 5000 bénévoles et personnes impliquées pour faire une réelle différence pour 100 000 Lanaudoises et Lanaudois à chaque année.
Pour œuvrer depuis l’âge de 17 ans dans le mouvement d’action communautaire autonome, j’ai vu des vies de nombreuses personnes transformées grâce aux organismes. Que faudrait-il pour qu’enfin, le gouvernement fasse le choix de soutenir adéquatement la mission des organismes ? En faisant ce choix, ce sont toutes les communautés du Québec qui seraient gagnantes ! Ce serait une action structurante qui rayonnerait partout sur les territoires québécois.
Aujourd’hui, j’avoue que je trouve ça difficile. Je vois ces personnes qui font des miracles dans des conditions difficiles, souvent précaires. Comme directeur de la TROCL, je côtoie les personnes engagées dans les organismes et j’entends leurs préoccupations. Je constate les enjeux et je suis toujours impressionné de tout ce qui est accompli dans ce milieu que je trouve très résilient. Je m’en fais un porte-parole dans toutes les représentations que j’effectue, autant au régional qu’au national.
Je reste confiant et je suis toujours aussi déterminé à poursuivre cette œuvre citoyenne collective entamée avec les membres de la TROCL, avec mes collègues de la CTROC et du RQ-ACA. Toutefois, je sens un désarroi important en moi face à ce budget québécois.
Je vais retrousser mes manches et poursuivre mes folles réflexions, les nombreuses représentations, les collaborations et les grandes réflexions en lien avec la mobilisation avec toutes les personnes qui sont engagées dans ce mouvement. J’aurais juste aimé que les organismes d’action communautaire autonome aient les moyens de réaliser les missions pour lesquelles ils ont été créés et qu’ils puissent se sortir la tête hors de l’eau, enfin.
Hugo Valiquette
Directeur
TROCL